Le monastère d’Hosios Loukas (Μονή Οσίου Λουκά) et la rivière Louros (ποτάμι Λούρος)

Après une nuit presque blanche à l’hôtel Erato, on nous sert un petit déjeuner industriel qui ne ravira que le chat affamé venu nous tenir compagnie. Comme par hasard, l’accueil des touristes le soir est fait par quelqu’un qui parle anglais mais, le matin pour les réclamations, l’unique dame présente ne parle que le grec ! Elle veut ses 55 euros mais je refuse de payer plus de 50 euros pour cette nuit car ils nous ont empêché de dormir pendant des heures avec leur musique, et de plus ne nous avaient pas prévenus que l’airco était en panne.

Après un long dialogue de sourds, elle finit par dire OK. Je lui demande la facture, mais là elle s’énerve en nous faisant comprendre que si on paie 50€ on peut aller se faire foutre pour avoir le reçu 👿 Je refuse de partir sans ce papier car étant donné que c’est en cash, rien ne les empêcherait ensuite de prétendre que nous sommes partis sans payer ! Voyant que nous ne cédons pas, elle finit par téléphoner au patron et me le passe. Lui parle anglais, je lui explique que je souhaite un reçu et il me dit qu’il arrive. Seulement il raccroche aussitôt et impossible de faire comprendre à la dame de l’accueil qu’on attend sa venue.

Elle prend le parti de nier complètement notre présence et vaque à ses occupations dans les pièces voisines en attendant qu’on se lasse 😯 Le patron met un certain temps à descendre (l’avons-nous tiré du lit ?), je lui explique que je souhaite juste un reçu, que je me fiche du papier officiel mais il me répond « I have to do it »… oui, et il ferait bien de l’expliquer à son employée !

Après cette perte de temps nous partons enfin. Nous sommes surpris de voir que nous avons fait une boucle et que nous sommes à nouveau sur un tronçon parcouru la veille. Avec l’orientation de la boussole nous pensions être sur la bonne route ! Les panneaux font toujours autant défaut et je ne sais pas très bien comment, finalement, nous parvenons à retomber sur nos pattes. En se rapprochant, notre destination – le monastère de Saint Luc (Osios Loukas) – devient heureusement fléchée.

Il n’est pas visible depuis la route mais nous devinons être arrivés au nombre de voitures sur le bas-côté, dans cet endroit un peu au milieu de nulle part sur le mont Helikon. Nous nous garons à l’ombre car la chaleur est déjà forte. En fait, un grand parking se trouve juste au bout de cette route mais nous ne le verrons qu’en repartant.

Nous descendons un petit sentier à l’ombre de grands arbres et immédiatement plusieurs « guides » à quatre pattes se joignent à nous. Ça galope, ça se mordille, ça mendie des caresses, ça se bouscule… et c’est dans ce joyeux équipage que nous arrivons aux anciennes portes Est du monastère. Elles sont ouvertes et donnent sur l’arrière des bâtiments. La cour est déserte, seul un vieux monsieur est assis près de l’entrée.

Sur un petit bâtiment secondaire, une porte fermée avec un panneau qui indique que les tickets doivent se prendre au musée. Ah merde, lequel, où ça ? Une dame passe et nous dit qu’aujourd’hui c’est fermé, en nous désignant la porte close. Ce n’est pas de chance, mais faisons tout de même le tour de l’extérieur !

A l’avant du monastère, changement complet d’ambiance : il y a plein de monde ! Ils font des aller-retours entre l’église et une grande terrasse arborée se trouvant un peu plus loin, de l’autre côté du porche d’accès moderne.

Beaucoup ont des vêtements recherchés (vêtements du dimanche voire de cérémonie), mais certains sont ‘normaux’. Du coup difficile de savoir s’il y a une fête locale ou si c’est uniquement parce qu’on est dimanche, on se dit que c’est sans doute pour l’une de ces raisons que c’est fermé au tourisme ?

Sauf qu’en fait on trouve le fameux musée et c’est tout à fait ouvert ! On demande au guichetier si seul le musée, se trouvant dans l’ancien réfectoire des moines, est accessible ou si nous pourrons entrer dans l’église, il parle peu anglais mais nous dit qu’il n’y a aucun problème.

Bon, ne cherchons pas à comprendre, profitons des lieux ! Je dis ça mais ça me gêne toujours, ce genre de situation (visiter les lieux de culte en se sentant cheveu sur la soupe, ne pas savoir où nous pouvons aller ou non). Quelques autres touristes sont présents donc nous supposons que c’est normal.

Les mosaïques à fond d’or sont très belles.

La restauration n’a pas été possible partout.

Ce monastère byzantin est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Il fut construit au tout début du XIe siècle.

La coupole centrale a un diamètre de 9 mètres !

La décoration est luxueuse, mêlant marbre, jaspe et porphyre.

Les moines possédaient d’importantes terres sur lesquelles il cultivaient des oliviers. Grâce à leur pressoir, ils avaient une production locale significative d’huile d’olive. Elle servait pour la nourriture mais également pour l’éclairage (lampes à huile).

Retournons vers l’église pour visiter la crypte.

Elle renferme le tombeau de l’ermite St Luc, fondateur de la communauté monastique en 953.

Une seconde église, jointive et plus ancienne, est consacrée à la Vierge (Panayia). Outre ces deux églises et la crypte, l’ensemble comprend plusieurs bâtiments annexes (cellules pour les moines, hypostyle, campanile, calefactorium, réfectoire, étables, celliers, fontaines, citerne, pressoir, stockages, etc.) et est fortifié. Quelques moines y vivent encore.

Sur la terrasse, ombragée par de magnifiques arbres comme souvent en Grèce, se trouvent un magasin religieux (est-ce que ces objets proviennent du travail manuel des moines ?) et une enseigne de restauration. Sur les bancs dispersés aux alentours, des familles devisent avec un café grec ou des loukoums.

AàG achète une icône et réalise, catastrophé, que les cartes postales grecques sont beaucoup plus grandes que chez nous ! Il avait préparé des enveloppes personnalisées qui deviennent du coup inutilisables. Heureusement les cartes vendues ailleurs auront une taille un peu plus standard (elles dépassent quand même, mais c’est jouable :mrgreen: ).

Nous reprenons la voiture et, sans panneaux ni gps, n’ayant qu’une carte assez générale, nous nous paumons à nouveau. Jamais deux sans trois ! Nous atterrissons à Antikyra, où nous décidons de manger sur une terrasse en bord de mer – avec un chat comme convive, ne perdons pas les bonnes habitudes ! La brise nous soulage un peu de la température.

Nous nous rendons dans un petit magasin pour un achat très important pour la suite de notre séjour : νερό (néro), de l’eau ! Le vendeur nous indique la pile de packs mais quand je m’apprête à en saisir un, il m’arrête gentiment : « pas celle-là, c’est la plus chère » 😯 (en français, oui oui)

Nous poursuivons notre route et, bien qu’étant persuadés d’être cette fois sur la bonne, nous arrivons avec surprise dans Itéa au lieu de Delphes. Nous nous sommes encore perdus, caramba ! AàG n’en peut plus, je décide de bypasser Delphes avant que ses nerfs ne lâchent et d’avancer vers le nord en direction de Ioannina. On se dit qu’on fera Delphes sur la route du retour si on en a le temps, mais je sais en moi-même qu’on vient de faire une croix dessus…

Le chemin vers Ιωάννινα (Ioannina) est long, de temps à autre une portion d’autoroute nous permet d’avancer un peu plus vite mais nous avions définitivement été trop optimistes sur les temps de trajet.

La route longe souvent la mer de près. Une pause nous rafraîchit les idées et permet à AàG de se baigner (non vous n’aurez pas de photos 😛 ).

L’heure tourne, nous surveillons les villages mais nulle part nous ne voyons d’hôtel. Des tavernes autant qu’on veut, par contre ! On s’arrête peu avant 20h pour demander, en désespoir de cause, à des locaux : il nous est répondu qu’il n’y a rien avant Ioannina…

Ce qui est tout à fait faux puisque quelques kilomètres plus loin, par grande chance, nous découvrons un endroit merveilleux 🙂 Exit les herbes jaunes brûlées par le soleil, ici une rivière transparente serpente au milieu d’arbres magnifiques… et ce vert nous repose infiniment les yeux ! Ce lieu enchanteur nous fait penser à Belisirma et la rivière Melendiz, en Cappadoce.

Un petit pont avec des planches en bois enjambe la rivière Louros et permet de rejoindre l’hôtel-restaurant qui est bâti là, le bien-nommé Dipla Sto Potami (« près de la rivière »).

Nous sommes accueillis par deux gourmands qui s’enfileront le reste de notre pic-nic de la veille, enfin ce que les gros poissons de cette pièce d’eau veulent bien leur laisser :mrgreen:

Nous prenons une chambre sans petit-déjeuner et payons d’avance, afin de ménager notre budget et de pouvoir partir quand cela nous chante le lendemain matin.

Les chambres sont dans un pavillon séparé – et heureusement, car la musique techno du bar est un peu saoûlante 🙄

Le lendemain matin il n’y a personne en vue sauf un tout jeune chaton blotti sur une chaise.

Nous déjeunons sur la terrasse au bord de la piscine avec quelques frangipanes que nous avions emportées en « secours ».

Nous nous promenons un peu le long de la Louros, des cincles plongeurs nous offrent un beau ballet.

Tout est calme et il fait encore frais, c’est un vrai plaisir.

C’était décidément une bonne idée d’avoir payé la veille car à notre retour il n’y a toujours personne. Nous déposons la clé sur le bar et reprenons sereinement la route…