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Bande-son : Lhasa de Sela – La Frontera
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Ibones de Anayet
Après un trajet sans encombre et une très sympathique (mais trop courte !) visite à la Casa Mahie, nous finissons par arriver aux Pyrénées. Sur le bord de la route, un étrange panneau « bains de secours » me laissera perplexe…
Nous montons les lacets dans le brouillard, à la nuit tombante. Dès la frontière espagnole, les nuages se dissipent. Après avoir récupéré la clé carte de notre chambre, nous pique-niquons tardivement sur un banc de la place (du parking, devrais-je dire !).
Nous sommes samedi soir et nous aurons bien du mal à dormir, le bruit durera jusque 3h du matin… et à 6h10, réveil en fanfare par coups de klaxons. Dur dur !
Après le petit déjeuner, nous partons à la barrière d’Anayet (Corral de las Mulas, 1630m). Le parking est petit et déjà bien plein !
A partir de là, la route est barrée et nous devons monter à pied jusqu’à la station de ski (1800m). Je n’aime pas marcher sur le bitume, et encore moins en montagne, alors ces 2 km m’ont paru longs.
Là commence enfin le sentier. Après l’horrible paysage mutilé par les remontées mécaniques, la montagne s’offre sans fard.
La nature est généreuse 🙂
J’ai été très étonnée de découvrir à quel point les paysages étaient verts !
Je m’attendais à une végétation malingre, à un manque d’eau généralisé, d’autant plus côté sud… mais regardez-moi cette herbe ! 😀
Nous avons choisi une randonnée facile pour se mettre en jambes après cette année sédentaire journée et demi en voiture.
Nous nous dérouillons les muscles en remontant tranquillement le ruisseau.
Le seul contre-temps est le nombre d’arrêts photo
Nous repérons déjà le départ de la variante par laquelle nous descendrons tout à l’heure :
Des terrains rouges apparaissent, contrastant fortement avec les rochers gris du pico Anayet (2545m).
Après 2h30 de marche à un rythme très cool, nous sommes au niveau des Ibones (lacs) d’Anayet, à 2230m d’altitude. Le pic du Midi d’Ossau s’y mire.
Avant l’eau se trouve un pâturage parcouru de multiples petits méandres.
Avec toujours ce contraste étonnant de couleurs…
Oh qui voilà ? Une sangsue !
Bon, finalement, je n’ai plus envie de nager 😆
Tiens mais qu’est-ce donc que ces points au loin ?
Quel plaisir de voir un troupeau de chevaux en liberté 🙂
On distingue la silhouette d’un randonneur sur la crête du Vertice d’Anayet (2559m). Il a encore du chemin avant d’atteindre le chapeau de basalte.
Une mer de nuages progresse côté français tandis que le ciel reste parfaitement dégagé côté espagnol.
De nombreux grimpeurs sont en train d’escalader cette paroi. L’Anayet est une ancienne cheminée volcanique jumelle de l’Ossau.
Après avoir baguenaudé et s’être empli du panorama, nous trouvons une micro-zone d’ombre pour pique-niquer. Le soleil tape fort !
Nous entamons ensuite la montée jusqu’au Cuello de Anayet (2404m).
Les marquages du GR sont discrets mais bien présents.
C’est dur de monter après le repas
Voici le plateau d’où l’on vient :
De l’autre côté du col, surprise, un névé !
La France est toujours dans la purée de pois…
Impressionnant plissement ! 😯
Voici le chemin que nous avons pris :
Et voici le chemin grimpant au pic d’Anayet. Il comporte notamment, sur la fin, une cheminée de 20 mètres qui « ne présente pas de difficultés » mais est « réservée aux randonneurs expérimentés »… euh, qu’en comprendre ??
N’étant pas spécialement des montagnards aguerris, nous nous sommes abstenus.
Nous avons hésité à monter au Vertice (ci-dessus) qui est moins esthétique mais ne présente pas de difficulté…
C’est alors qu’une flemme terrible s’abattit, et nous décrétâmes en chœur que le panorama ne serait pas plus beau là-haut !
C’est vrai quoi, et puis il y avait bien trop de fleurs à photographier pour avoir le temps de continuer la grimpette 😆
En bref, 800 mètres de dénivelée c’était assez pour ce premier jour de marche.
La colonisation par les nuées se poursuit à vive allure et déborde même la frontière.
C’était hypnotisant de regarder l’ombre des nuages passer sur ces doux reliefs herbeux jonchés de rocs.
Nous voici à nouveau au pied du col.
Durant notre absence, nos copains les chevaux se sont dispersés sur le plateau.
Certains portent une clarine autour du cou.
C’est une belle après-midi et, sans que ce soit le métro, il y a pas mal de gens. Certains ont planté la tente.
Allez, venez, on va tous se rouler dans la poussière !
Celui-là m’aura fait peur, il était couché bizarrement et si parfaitement immobile que j’ai d’abord cru qu’il était mort ! Ah ces touristes, on ne peut même plus roupiller en paix…
Nous entamons le chemin du retour, qui ne suit pas la rivière et reste beaucoup plus en hauteur.
Sur la photo ci-dessus on voit bien les deux sentiers. A l’aller nous étions passés à droite de la colline centrale, tandis qu’au retour nous allons vers la Glera de Anayet.
Dans la mousse, je croise une sauterelle femelle et son impressionnant (mais inoffensif) oviscapte.
Mon premier lézard du séjour 🙂
Au loin nous apercevons les toits d’ardoise du village de Formigal.
Après la cabane, le chemin continue puis finit par se perdre.
Nous arrivons finalement au-dessus de la station de ski, alors on coupe à travers tout en mode sanglier !
Nous sommes de retour à la voiture peu avant 17h.
C’est long d’attendre 20h quand on a faim (n’est-ce pas Lilou ?). Nous finirons par manger une étrange pizza avec de la fausse mozzarella. Ça pèse sur l’estomac mais nous ne serons pas malades !
Les trois lacs (Taubensee, Chiemsee, Thumsee) et la saline de Bad Reichenhall
6h30, nous voilà réveillés comme à l’accoutumée par Pavarotti – oui, parce que je crois que le veau de la prairie voisine est sa réincarnation.
Je ne comprenais pas pourquoi il venait toujours beugler sous nos fenêtres alors qu’il avait toute la prairie pour lui.
Jusqu’au moment où j’ai surpris un morceau de pomme voler jusqu’à lui depuis la fenêtre d’une autre chambre. Ah ben c’est malin !
Nous avons 1h de route à faire ce matin puisque nous allons jusqu’au Chiemsee, un lac immense situé plus au nord. C’est la « mer bavaroise », il fait 80 km² (apparemment il était trois fois plus grand au siècle dernier).
Sur le trajet, nous faisons un arrêt au Taubensee qu’AàG avait repéré sur la carte.
Sur le terrain, on n’en voit quasiment rien car il est dans les bois, entouré de grillages, et semble envahi de roseaux.
Au Chiemsee, la volaille nous attend de palme ferme.
(Au fait saviez-vous que la foulque macroule avait non pas des pattes palmées mais des doigts palmés ?)
Nous longerons le bord Est (Chieming, etc.) ce qui n’était peut-être pas le choix le plus judicieux.
L’eau est belle et même plutôt chaude.
Tout est hyper réglementé par contre. Le nombre de panneaux… Et à chaque fois que nous changeons d’endroit, il faut repayer le parking.
Comme on « picore » à la recherche d’un lieu qui nous plaise particulièrement, c’est un peu saoulant à la fin (surtout car on doit payer d’entrée de jeu, sans savoir combien de temps nous y resterons effectivement).
J’ai eu l’occasion de philosopher avec une cane solitaire. Elle semblait intriguée par quelque chose (non je n’avais pas de pain !) et s’est rapprochée de moi.
Finalement elle s’est installée là comme dans l’attente d’une bonne histoire.
La coutume du Maibaum (arbre de mai) est encore fort présente en Bavière.
Une fois érigé, il semble qu’ils le laissent en place plusieurs années – il faut bien rentabiliser l’effort déployé pour lever ce gigantesque mât !
Nous avons repéré une plage sympathique près du port pour pique-niquer mais son accès est payant et il se trouve qu’il y a une chouette plaine de jeu devant. C’est donc là que nous mangerons, au grand bonheur d’AàG !
Le Chiemsee ne nous passionne pas, peut-être la côte ouest est-elle plus séduisante mais nous ne nous acharnerons pas et renoncerons à aller sur les – très touristiques – îles.
Nous entamons plutôt le trajet du retour, sur lequel nous avons prévu de faire plusieurs pauses.
La première est un charmant petit lac : le Thumsee. Enfin « petit », il fait tout de même 1 km de long 😉
Nous l’avons trouvé bien plus plaisant que le Chiemsee et, certainement, la nature aux alentours y était pour beaucoup.
Regardez-moi cette eau émeraude avec le rayon de soleil sur les nénuphars et le vieil escalier plongeant dans le lac… *soupir de béatitude* 🙂
Nous en ferons le tour en flânant tranquillement.
Ce petit point dans l’eau ci-dessus n’est pas un canard mais une tête. Il y a des baigneurs, oui ! C’est un endroit très populaire l’été.
On nous apprend que l’eau est à 19°C. Pas si mal pour la région.
Il y a toute une zone de « plage » avec bronzette sur la pelouse publique et trempette dans le lac.
AàG se risquera à la baignade mais je ne peux pas vous montrer de photo, c’est trop compromettant 😛
Vers 16h nous quittons le lac en direction de Bad Reichenhall, grand centre de production de sel pendant des siècles.
Le sel extrait de la mine de Berchtesgaden arrivait jusqu’ici par un antique « pipeline » de saumure (Soleleitung), malgré l’éloignement et le dénivelé.
Les bâtiments des anciennes salines (Alte Saline) sont aujourd’hui en partie reconvertis.
Les bâtiments datent de 1834, ils ont souffert mais possèdent toujours cette élégance propre à leur architecture soignée.
Il est surprenant de voir ici des toitures en tuiles vernissées.
Vous avouerez que ça a quand même une autre gueule que les bâtiments industriels modernes !
Il est malheureusement trop tard pour visiter les installations techniques, c’est frustrant mais nous aurons l’occasion de voir à travers une petite vitre les pompes à saumure qui tournent encore…
Les roues (13m de diamètre) occupent toute la salle et on peut entendre (ressentir même) leur bruit sourd et rythmé, animé périodiquement par une sorte de clochette.
C’est super qu’ils aient conservé cela en état de marche !
Nous ferons un petit tour en ville, où il y a notamment de belles façades peintes.
Nous prendrons la voiture jusqu’au barrage sur la Saalach. Les environs sont pleins de débris de bois et de toutes sortes, il a dû y avoir des débordements récemment ?! Une pluie fine se met à tomber, nous retournons à Ramsau où nous trouvons un restaurant ouvert mais complet. Un couple âgé accepte très aimablement de partager sa table avec nous. La compagnie fut sympathique et le repas délicieux.
Alors que la nuit est déjà tombée, nous ferons une promenade digestive ludique car il y a une plaine de jeux avec des installations originales (vis sans fin, etc.) Les lampadaires abritent des populations d’araignées mutantes d’une taille incroyable 😯
La soirée est, comme souvent dans ce logement, assez animée et bruyante (leur salon est sous notre chambre). Mais les logeurs sont respectueux car ils ont toujours arrêté le bruit à une heure relativement décente, merci à eux !
Randonnée au Rubihorn
La nuit fut assez bonne malgré un peu de bruit, et le petit déjeuner fut tout simplement *royal*… sans hésiter le meilleur du séjour ! Cela ne contribuera pas peu à la décision de rester une nuit supplémentaire 😉 Pour achever de nous mettre de bonne humeur, dehors un chat roux nous accueille avec force roulades. Nous avions gardé un peu de beurre et de salami pour l’écaille de tortue mais elle ne s’est pas montrée, cela a donc fait le bonheur du peu farouche rouquin !
Nous partons à Reichenbach, notre point de départ pour une randonnée au Rubihorn (carte de l’itinéraire téléchargeable en pdf), un sommet approchant les 2000m dans les Alpes d’Allgäu. C’est une petite promenade (5,2 km) mais avec un bon dénivelé, surtout pour un premier « dérouillage » (+1125m/-53m). Court mais raide, donc !
Le temps n’est malheureusement pas au beau fixe, mais nous espérons que les nuages vont se lever. Bien que le parking soit un peu perdu au milieu de nulle part, il est payant et un vieux monsieur est présent pour vérifier que chacun ait son ticket, il veille à échanger les billets si besoin !
Nous y arrivons entre 9h15 et 9h30, c’est la mauvaise heure car beaucoup de monde part dans les mêmes eaux. Nous longeons la rivière Gaisalpbach et ses multiples chutes (la plupart aménagées).
Une route goudronnée (réservée aux véhicules autorisés) fait un large détour et permet d’atteindre le Untere Richtersalpe mais nous allons plutôt emprunter le Tobelweg, petit sentier qui coupe au plus court en continuant à longer la rivière.
Après un tronçon d’escaliers en caillebotis et une section plus raide, on suit une conduite forcée et on rejoint finalement la fin de la route qui dessert deux bâtiments (refuges et/ou restaurants, on n’a pas été voir de plus près).
Le sentier entre dans une grande pâture où nous avons pu faire connaissance avec les vaches locales, aux oreilles délicatement fourrées. Si si, on dirait presque des pantoufles, ça avait l’air tout doux !
Les nuages bouchent toujours l’horizon et rendent les couleurs tristes et ternes.
Après un passage bien boueux, le chemin quitte la pâture et entre dans la forêt. Voici un cairn pour le moins original 🙂
Après la forêt c’est une zone de rochers qui nous attend, avec des passages raides équipés de câbles pour s’aider.
C’est un peu avant 11h30 que nous arriverons au lac Gaisalpsee. Au gré du passage des nuages, nous sommes parfois dans le brouillard le plus complet !
On fait une pause et on mange un « dix heures », histoire de tenir jusqu’au sommet.
AàG grogne que « c’est le métro » et il y a effectivement pas mal de gens, dont beaucoup arrivent en sens inverse. On suppose qu’ils sont montés en téléphérique et qu’ils effectuent une boucle à pied pour redescendre.
Nous avons été surpris de constater que certaines sonnailles étaient de vraies petites cloches plutôt que les habituelles clarines de section ovale, davantage trapues et bombées.
Quelque part, heureusement qu’il n’y a pas de soleil, car déjà sans cela la montée donne bien chaud !
Mais tout de même, là c’est un peu exagéré… cette rando réputée pour ses beaux panoramas ne nous laissera pas un souvenir impérissable vu les conditions météo !
Finalement nous aurions peut-être mieux fait de quitter la région d’Oberstdorf ce matin, comme initialement prévu…
Le sommet est en vue, enfin quand je parle de vue… et il commence même à pleuviner 🙄
Sous la croix il y a une boîte métallique avec un stylo-bille et un livre, nous y trouverons des petits mots dans toutes les langues et des dessins. Nous y laisserons une surprise pour les suivants ^^
Il est 13h, les estomacs grondent mais AàG ne veut pas manger ici, trop venteux et puis trop de va-et-vient : « rhaaa, et voilà, encore un métro ! non mais regarde-moi ça ! ». Oui c’est toujours difficile psychologiquement pour AàG de se rendre compte que la montagne n’est pas à lui seul 😛
Nous suivons au hasard un sentier barré (on ne s’en rendra compte qu’au retour, on est lent à comprendre) accédant à un point de vue complètement envahi par la végétation, qui se révélera être un vrai petit coin de paradis ! Il s’y trouve un banc fixé à un rocher (mais les attaches ne tiennent plus très bien) et muni d’une boîte aux lettres. La clé pend à une cordelette, et lorsqu’on ouvre la boîte aux lettres on y trouve à nouveau un livre qui témoigne des passages et de l’histoire du lieu 🙂
A la redescente on ne croise plus personne si ce n’est quelques écureuils qui jouent avec élégance à Tarzan dans les pins. L’un d’eux se laissera admirer d’assez près 🙂
Manifestement les gens qui sont montés en même temps que nous ce matin effectuaient une traversée, sans doute rejoignaient-ils le haut du téléphérique.
Toutes les traces des bâtons de marche… la fréquentation de ce site a vraiment traumatisé AàG.
Nous redescendons à notre aise et arrivons à la voiture vers 17h. On va jusqu’à la « klamm » de Tiefenbach mais c’est touristiquisé à mort. Pour résumer, disons qu’il est trop tard pour visiter et trop tôt pour frauder 😆
Nous retournons à Oberstdorf pour voir le saut à ski, car hier durant notre recherche de logement AàG y a vu des skieurs s’entraîner… mais ce soir il n’y a personne au tremplin de Schattenberg (Schattenbergschanze).
Cela dit, même vides, ces installations sont impressionnantes avec leurs 90m et 120m de haut !
Le centre piéton d’Oberstdorf possède des choses aussi charmantes que ces pots de fleurs et des choses aussi horrifiantes que ces plaques d’égout publicitaires 😯
Jusqu’où ira cet envahissement ? Nous mettrons un point d’honneur à ne pas fréquenter ces établissements !
Et en parlant marketing, cette enseigne nous a bien fait rire 😆
Un peu plus loin nous trouverons un excellent et sympathique petit restaurant familial où nous achèverons notre soirée, bien fatigués de notre journée.
L’oracle de Dodoni, la ville de Ioannina et l’arrivée dans les Zagori (Ano Pedina)
Je ne sais pas si c’est parce qu’on quitte une région vraiment merdique ou si c’est parce qu’on s’habitue aux routes grecques, mais à partir de maintenant nous ne nous perdrons plus une seule fois 🙂
On a juste eu un peu de mal à trouver l’entrée du site archéologique de Dodoni (en) (Δωδώνη, aussi appelé Dodona), car on s’est laissé abuser par un énorme panneau en anglais annonçant un « centre d’accueil des visiteurs ». Ben c’était pas du tout là qu’il fallait aller, et en plus ce fameux centre était fermé !
J’espère ne pas écrire de bêtises en essayant de résumer l’histoire de ce lieu, parce qu’ON me lit et je voudrais pas me ramasser un coup de patte si je m’emmêle un peu les pinceaux
L’oracle de Dodone (fr) est probablement le plus ancien oracle de Grèce. Les archéologues ont retrouvé des traces datant de l’époque préhistorique. Il semble que dès le 3e millénaire avant Jésus-Christ, Gaia (ou ‘Dias’ ou ‘Dione’) était vénérée sur ce site. A partir du 2e millénaire av. J.-C., le culte de son pendant masculin, j’ai nommé Zeus, fit son apparition. Ils formaient un couple divin.
La légende, rapportée par Hérodote, est la suivante : « Les prêtresses des Dodonéens rapportent qu’il s’envola de Thèbes en Égypte deux colombes noires ; que l’une alla en Libye, et l’autre chez eux ; que celle-ci, s’étant perchée sur un chêne, articula d’une voix humaine que les destins voulaient qu’on établît en cet endroit un oracle de Zeus ; que les Dodonéens, regardant cela comme un ordre des dieux, l’exécutèrent ensuite. Ils racontent aussi que la colombe qui s’envola en Libye commanda aux Libyens d’établir l’oracle d’Ammon, qui est aussi un oracle de Jupiter. »
Ainsi au départ ce sont des prêtresses, les péléiades, qui servaient Zeus et la déesse-mère Dione. Elles interprétaient le bruissement des feuilles du chêne sacré, ainsi que le vol et les cris des oiseaux qui y nichaient. Vers le 8e siècle avant J.-C., elles sont rejointes par des divinateurs. On entoure l’arbre d’une rangée de trépieds portant des chaudrons en bronze. Lorsqu’on frappait l’un d’eux, le son se propageait aux autres par contact et c’est ce bruit qui était interprété.
Plus tard on compliqua encore les choses : une statue de bronze portant des chaînes était placée près d’un chaudron. Le vent, toujours présent sur ce site, agitait les chaînes contre le chaudron. A partir du 6e siècle ACN, les questions (souvent des demandes de conseils) furent soumises par écrit sur des tablettes de plomb. Les réponses, quant à elles, étaient généralement orales (pas folles les guêpes ).
Malgré sa réputation grandissante, jusqu’à la fin du 5e siècle av. J.-C. il n’y eut pas de temple, le culte se déroulait en plein air. Au 4e siècle ACN un modeste temple apparaît et une enceinte maçonnée protège le chêne. Ce sanctuaire forme le téménos ou « maison sacrée » (la Hiéra Oikia).
Au fur et à mesure le site se développe et devient fortifié. Pyrrhus, roi des Molosses, aida à le développer. Plusieurs temples furent bâti : Héraclès, Thémis, Aphrodite…
…mais également des structures civiles (bouleutérion, prytanée, stade, théâtre…) car Dodoni n’était pas qu’un centre religieux mais également politique et culturel. Une vraie ville !
Des recherches archéologiques et des travaux de restauration sont toujours en cours. On leur a bien envié leurs parasols car il faisait mourant de chaud, on naviguait d’ombre en ombre pour tenter de survivre !
Le théâtre est impressionnant. Restauré vers 1960, c’est un des plus grands de Grèce. Il pouvait contenir 17.000 spectateurs.
Sur la toute première photo de cette note, on peut identifier assez clairement le dernier tiers de sièges rajoutés ultérieurement. Comme la colline n’était pas assez large, un grand mur de soutènement dut être construit :
J’aurais aimé monter mais malheureusement l’accès au théâtre n’était pas autorisé. Non loin, on peut encore deviner l’emplacement du stade et de ses gradins mais je n’en ai pas de photo correcte.
En 167 av. J.-C. les Romains détruisent le sanctuaire. La maison sacrée est réparée et l’oracle continue encore plusieurs siècles mais souffre de plus en plus de l’essor de l’oracle de Delphes (situé plus près d’Athènes).
Le coup de grâce fut donné au 4e siècle après J.-C. : suite à l’interdiction des cultes païens formulée par Théodose Ier, le dernier empereur romain, le chêne sacré fut abattu !
Une basilique chrétienne fut bien sûr construite sur le site : rien ne se perd, tout se récupère ! Mais bien mal acquis ne profite jamais : le site, souffrant des raids des barbares et des tremblements de terre, fut finalement abandonné peu après le 6e siècle PCN.
Pour plus d’informations sur Dodone, je vous conseille cette page, ainsi que cette autre sur les objets découverts.
Je dois vous avouer que, sur ce site antique béni des dieux, nous fûmes pris d’une soudaine inspiration mystique. AàG tomba en pâmoison devant un mirabellier sacré et je rendis des oracles en interprétant le bruit résultant de la mastication de ces fruits sacrés. Si si !
La route vers Ιωάννινα (Ioannina pour ceux qui ne suivent pas, rho !), capitale de l’Épire, devient de plus en plus chargée en véhicules et il y a des travaux. Nous nous arrêtons dans un supermarché pour acheter de quoi pique-niquer… sauf qu’en fait c’était un magasin de bricolage 😆 Une fois notre erreur rectifiée, nous cherchons un coin tranquille et à l’ombre pour manger. Nous ne trouverons d’autre emplacement que l’arrière sale et glauque d’un entrepôt.
Le centre-ville est un désastre au niveau de la circulation, tout est embouteillé, pour ne pas dire paralysé. Une file ininterrompue de voitures est stationnée le long de la route malgré les innombrables panneaux d’interdiction de stationnement… ce doit être normal ? Je ne compte plus les voitures garées en double voire triple file, les mobylettes qui slaloment de façon périlleuse en frôlant les voitures, les flics qui restent stoïques dans leur gros 4×4 au milieu du bordel…
Nous ne comptons pas visiter la ville moderne, aussi je m’enfile un peu au hasard dans une route sur la droite pour essayer de rejoindre la vieille ville. C’est beaucoup plus calme mais là également je ne comprends pas la logique : plein, partout, de voitures garées sous les panneaux d’interdiction. Ce doit être une coutume locale ! Par chance je parviens à trouver une place de stationnement autorisée et… à l’ombre 🙂
Je ne suis pas fan des œuvres contemporaines, y compris quand ça concerne le mobilier urbain, mais je suis tombée complètement sous le charme de cette poétique barrière. J’y vois des joncs stylisés agités par le vent…
Une belle promenade est aménagée à l’ombre de deux rangées de grands arbres entre les remparts et le lac Pamvotis (Λίμνη Παμβώτις), qui est le plus grand lac naturel de Grèce. On se mêle aux flâneurs et on observe au loin l’île (que nous n’aurons pas le temps de visiter) où fut décapité le terrible Ali Pacha.
Dire que cela fait moins d’un siècle que cette ville est grecque…
Les eaux du limni (lac) sont très vertes. Des vendeurs ambulants proposent noisettes caramélisées et maïs grillés. Nous arrivons à une des portes de la vieille ville fortifiée.
Une seconde porte mène à une citadelle fondée par un croisé normand, Bohémond de Tarente.
Aslan Pacha détruisit l’église chrétienne pour la remplacer par une mosquée qui abrite aujourd’hui le musée municipal.
Une belle collection de canons et de boulets !
Perturbés par le comportement étrange d’un homme qui semblait nous suivre, et ne pensant de toute façon pas qu’il y ait énormément de choses intéressantes (à nos yeux) dans ce musée, nous nous sommes contentés de l’extérieur.
Voici la belle architecture intérieure que nous avons ainsi loupée…
Nous nous dirigeons ensuite vers la deuxième citadelle, et admirons au passage le dallage, lissé par des siècles d’utilisation, d’un tunnel d’accès à la ville fortifiée.
Un très parlant « ΠΡΟΣΟΧΗ ΣΚΥΛΟΣ » (attention chien)
Voici la porte d’entrée d’Its Kalé (Ιτς Καλέ) :
Les anciennes cuisines du sérail n’ont pas trop changé d’affectation puisque c’est aujourd’hui un bar. J’ai trouvé les cheminées très esthétiques.
Voici la mosquée Fetiye, dont le nom signifie la « mosquée de la conquête ». A l’origine (15e siècle) elle était en bois. Son minaret n’est plus très droit. Elle est fermée.
Le gars louche est à nouveau dans les parages. Bon il va pouvoir attendre longtemps avant que nous bougions car la chaleur nous exténue. On se traîne 10 mètres puis on s’assied 10 minutes… Et on recommence…
D’ici nous pouvons apercevoir le minaret de la mosquée précédente. En voici une magnifique « photo cutoir », càd « prise de là où on s’est assis »… tellement l’énergie nous manquait ! Il y en aura d’ailleurs un paquet durant le séjour, oui c’est honteux farpaitement 😛
Cette ferronnerie protège la tombe d’Ali Pasha (enfin son corps, pas sa tête…) et de sa famille.
Cette grille est une copie récente (1999) de l’originale, enlevée par les Allemands durant la guerre (1943).
Je ne sais pourquoi, ce site est couvert par un nombre impressionnant de caméras de surveillance.
Les pièces d’artillerie nous ont réservé une petite surprise… lisez donc l’inscription gravée sur ce canon !
Allez savoir comment il a atterri là ?
Le musée byzantin était malheureusement fermé le jour de notre visite. Une petite visite virtuelle vous attend sur le blog de Thierry Jamard, toujours le même 🙂 (Quel dommage que nous ne soyons pas tombés sur cette mine d’informations avant de partir, ça nous aurait bien aidés à préparer notre voyage !)
Il fait chaud, les animaux ont soif… ce robinet fait la joie des guêpes, et même lorsqu’on ouvre la vanne elles ne s’éloignent pas !
En parlant d’hyménoptères, ne trouvez-vous pas que leurs poubelles ressemblent beaucoup aux anciennes ruches en osier ?
Nous aurions pu y passer bien plus de temps, mais Ioannina n’était qu’une courte étape pour nous. Notre destination principale est enfin en vue, il s’agit du pays Zagori (Ζαγόρι), littéralement « derrière la montagne ». Cette région est restée très longtemps isolée et indépendante des autres.
Nous avons choisi comme ‘base’ le village d’Ano Pedina (Άνω Πεδινά) pour sa position centrale dans la zone qui nous intéresse et pour le fait qu’il se trouve dans un cul de sac. Reste à y trouver un logement…
J’aurai l’occasion de vous parler de cette maison rouge dans un autre compte-rendu !
Toutes les rues d’Ano Pedina et des villages environnants sont pavées de la même manière. Les maisons sont en pierres avec des toits de lauze (ou parfois de tôle pour les plus pauvres). Les maisons récentes possèdent quasiment toutes de faux arcs (ou triangles) de décharge. Sans doute pour maintenir une uniformité architecturale ?
A la première porte à laquelle nous frappons, une charmante grand-mère nous accueille avec le sourire et nous offre immédiatement deux grands verres d’eau fraîche 🙂 Elle ne parle pas anglais et nous n’avons pas l’occasion de baragouiner nos quelques mots de grec, elle est déjà partie chercher une interprète pour notre facilité ! Sa fille, aimable comme une porte de prison, arrive pour nous communiquer le prix d’une nuitée : 60 euros avec petit-déjeuner. Elle refuse de baisser le prix même si on reste plusieurs nuits, nous partons donc, à regret malgré tout vu la gentillesse de l’autre dame – et également, il faut l’avouer, vu l’alléchant panneau ‘home-made sweets’ qui pend sur la terrasse !
Plus haut dans le village nous trouverons notre bonheur à l’hôtel Ameliko. Pour une grande chambre avec salle de bain récente, on nous demande 50 euros avec petit-déjeuner. Ça reste cher pour nous, je demande combien c’est sans petit-déjeuner : 40. On dit ok, on se démerdera avec les biscuits achetés par précaution au supermarché tout à l’heure. Je descends remplir les papiers et l’hôtelier me dit spontanément, et en français : si vous restez plus que deux nuits, c’est 40 avec petit-déjeuner. Ouf, AàG est sauvé ! Il aura du café ! 😛
Nous partons ensuite à la découverte du village. Nous avons immédiatement un guide pour nous accompagner dans notre visite 🙂
Nous sommes parfois dévisagés sans aménité… peut-être est-ce lié au fait que les habitants des Zagori ont la réputation d’être plus « rudes ».
Les anciens bidons d’huile d’olive et de feta sont récupérés comme pots pour faire pousser des tomates ou des fleurs. J’ai demandé à AàG de prendre cette photo car ce balcon m’a fait penser à son équivalent turc.
Nous allons sur les hauteurs profiter des chaudes couleurs du soleil qui baisse sur l’horizon.
Nous descendons manger à la taverne se trouvant à l’entrée du village, face à la chambre d’hôtes aux personnages si contrastés. Sur la petite place se trouve une cabine téléphonique (à carte)… c’est incroyable comme le village le plus paumé en a toujours au moins une ! Si seulement ça pouvait être pareil chez nous !
Le service est d’une extrême rapidité pour apporter l’eau et la salade grecque, mais d’une extrême lenteur pour la suite. Ils ne sont ni pressés ni stressés, si on voulait rester 4h à cette table ça ne les dérangerait manifestement pas et ils ne poussent pas du tout à la consommation. Ça change de chez nous ! Nous avions déjà observé cela dans les précédents restaurants et cela s’est confirmé durant le reste de notre séjour. Il n’y a que dans les endroits « touristiques » où c’était rapide, au contraire des tavernes locales.
AàG commet l’erreur de prendre de l’ouzo car il est indiqué sous le titre « retsina » dans le menu. Quand on lui apporte une mini-bouteille de 50ml titrant 40° d’alcool… bon ça va, il aimait bien, mais j’ai dû le guider pour retourner au logement 😆
Ici aussi l’eau est précieuse. Cette source est bien utile aux abeilles locales !
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