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Au 1er avril, par une journée ensoleillée, de nombreux jeunes se sont rassemblés en plein air dans un parc bruxellois.

La veille, un tribunal avait estimé illégales les mesures exceptionnelles prises par l’Etat concernant le covid. Cependant cela n’avait pas annulé les mesures pour autant, l’Etat a juste été condamné à y mettre bon ordre endéans les 30 jours sous peine d’astreinte.

Ce rassemblement était donc illégal, eu égard à ces mesures qui… l’étaient elles-mêmes ! Le Belgikistan est bien le pays du surréalisme.

La police n’y a pas été de main-morte, chargeant avec des chevaux, utilisant des canons à eau, des lacrymo, les « dispersant » deux heures durant… bref.

– C’est honteux ces jeunes qui ont été faire la fête au Bois de la Cambre.
– Oui, un pur scandale cette histoire !
– C’est vraiment des égoïstes, il faudrait les emmener visiter les soins intensifs.
– C’est des irresponsables etc.

Ces personnes outrées discutent dans une pièce où se trouvent 19 adultes et 2 enfants, de différents horizons, réunis pendant des heures, sans masque, avec juste une fenêtre entrouverte. A l’heure où la « bulle sociale » va s’élargir (le 8 mai) pour passer de 1 à… 2 personnes.

Question bonus : qui a pris le plus de risque entre ces personnes bien-pensantes et ces jeunes révoltés ?

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Réponse : les jeunes révoltés ont clairement pris le plus de risque pour leur santé, vu comment certains se sont faits piétinés par la police montée !!

(par contre si on parle de risque purement covid, je pense que la réunion à autant de personnes dans une pièce confinée gagne haut la main…)

Ca ne vaut pas un journal des événements au jour le jour et il n’y a pas le dixième des détails de tout ce qui a changé dans nos vies durant cette année mais voici une petite contribution en réponse à l’incitation du Dr. CaSo :

Janvier. Je ne me souviens pas de janvier. C’est juste un mois normal dans la vie « d’avant ». La vie où on pouvait se faire la bise, se faire un resto entre amis, voir le sourire des autres aux coins des lèvres qui remontent et pas uniquement aux yeux qui se plissent.

Les gens ne se battaient pas encore dans les rayons pour un paquet de PQ.
Certes la presse commence à parler d’un nouveau virus en Chine, mais c’est si loin de nous.

Février. Je fais une semaine de spéléo, coupée du monde extérieur. On chambre allègrement un gars qui tousse, potentiellement contaminé par son fils qui a dû être hospitalisé pour une… pneumonie.

L’Europe n’est pas encore en alerte, il y a eu quelques cas chez des voyageurs mais on n’est pas dans la parano et on s’entasse joyeusement à 40 dans la pièce servant de cantine. La « distanciation sociale » (quel horrible mot, alors qu’il s’agit de distanciation physique !) n’a pas encore été inventée.

Mars. Je reviens au bureau en ayant de soudaines et impressionnantes quintes de toux, ce qui commence à être sérieusement mal vu – aujourd’hui je passerais pour une criminelle ! Je décide de me mettre en télétravail quelques jours : je n’en reviendrai pas. Peu après, c’est obligatoire pour tout le monde. Un gouvernement d’urgence est apparu comme par magie (nous étions à 454 jours sans), ainsi qu’un nouveau mot : confinement.

C’est providentiel me concernant. Un véritable soulagement. Je gagne environ 12h par semaine en temps de trajet. J’en profite pour me lever une heure plus tard, ce qui est bienvenu car j’étais complètement épuisée. Je sème plein de graines et « cultive mon jardin ».

Par contre, finis les cours de musique, les cours de yoga, les séances de kiné ! Je ne peux même plus voir ma famille, mes amis, mes collègues… et j’angoisse pour eux.

Avril. On nous oblige à poser une semaine de congé endéans le mois. Je n’apprécie pas, mais d’un autre côté j’ai énormément de mal à me concentrer. On est au pic de l’épidémie, je me sens terriblement triste et impuissante pour les malades comme pour les soignants. On prend la tête du classement des pays par mortalité.

Je prends plein de demi-jours pour profiter des belles après-midis, sauf qu’en réalité j’arrive rarement à décrocher avant 15 ou 16h. En plus du boulot normal, il y a un surcroît important de travail lié au corona.

Les masques sont de plus en plus présents. Je vais rarement au supermarché en temps habituel, et là encore moins : de longues files d’attente se forment sur les parkings, chacun restant à 2m des autres. Beaucoup de gens font des réserves et les magasins en profitent pour augmenter leurs prix.

Les merdias sont anxiogènes au possible, ils sensationnalisent, renchérissent, se contredisent et malgré tout on ne peut s’empêcher d’une certaine boulimie d’informations – boulimie tout court aussi, d’ailleurs. Avec le stress et la sédentarité, j’ai pris 9 kg en 2 mois.

Mai. Début du chômage temporaire (à temps partiel). C’est très difficile de s’organiser en travaillant plic ploc un jour par-ci par-là, c’est frustrant et inefficace au possible. Et ça limite encore plus les contacts avec les collègues. Etant « interdits de connexion » les jours de chômage, beaucoup travaillent paradoxalement le soir et le week-end. Ça m’enrage. Je ne fais hélas pas exception.

Le moral chute, les contacts sociaux me manquent, heureusement il y a les chats et un temps magnifique qui invite à se dépoussiérer. Avec le confinement, on ne peut partir que de chez soi. La voiture est limitée aux trajets « essentiels ». Ma vieille imprimante asthmatique me crachote un plan à moitié effacé et je pars à la découverte des sentiers du coin, en sandales ou pieds nus.

Ca fait 5 ans que j’habite ici, je découvre soudain plein de lieux. Parfois c’est une belle découverte, parfois les sentiers ont été purement et simplement « privatisés » grrr. C’est pas les Alpes, mais ça donne un vague sentiment de liberté.

Juin. Avec le soleil, le sport et le temps libre généré par le chômage, tout s’améliore en flèche : mon moral, mon sommeil, mon poids, ma cheville… On parle d’animaux se promenant dans les villes, de dauphins venant dans les ports, de toute la pollution évitée. Le nombre de cas de covid a chuté spectaculairement, l’épidémie semble sur la fin.

Dans la rue tout le monde se dit bonjour en souriant, de parfaits inconnus parlent soudain entre eux, tout le monde est à pied ou à vélo, les gens vont moins dans les magasins, de beaux mouvements de solidarité ont lieu de partout… comment ne pas se sentir plein d’espoir sur une prise de conscience et un changement global ? Retrouver la simplicité, les liens avec les autres, prendre soin de l’environnement… ça y est, c’est en route !

Juillet. La situation sanitaire est pour ainsi dire au beau fixe et les frontières ont rouvert. Je pars trois semaines en France, je n’avais encore jamais pris des vacances aussi longues. Je vais à la montagne, je vais sous terre, je dépasse mes peurs et je déconnecte complètement. Je prends beaucoup de plaisir, et aussi quelques grosses claques dans la gueule.

Je rentre juste à temps pour éviter la nouveauté décidée par le Belgikistan : contrôles aux frontières, obligation de remplir des formulaires… Les contaminations sont sérieusement reparties à la hausse.

Août. Nous l’attendions, la voilà. La fameuse 2e vague. Les mesures durcissent, on ne peut voir que les personnes de sa « bulle sociale » (4 personnes à ce moment) et l’obligation du masque est généralisée.

La plupart des parents autour de moi n’en peuvent plus et espèrent que les écoles rouvriront bien à la rentrée. C’est un mois de canicule et d’attente. C’est aussi le dernier mois de chômage temporaire partiel.

Septembre. Le boulot reste en télétravail mais les écoles rouvrent, les cours de yoga recommencent timidement et même les cours de musique reprennent. Je n’ai pas touché mes instruments depuis février. J’ai l’impression que mes poumons ont rétréci mais quel plaisir de pouvoir rejouer ensemble !

Certains ont préféré ne pas se réinscrire cette année, par peur d’être contaminés et parfois aussi par crainte d’être vecteur de contamination pour les autres (instruments à vent…).

Je repars prendre l’air sous terre, là où le temps s’arrête, là où l’on se retrouve soi-même. Je me sens bien, j’ai même retrouvé le poids que j’avais à la fin de mes études. Revenir au quotidien est rude.

Octobre. Avec les retours de voyages et la rentrée scolaire, une flambée de cas s’est produite. L’ampleur de cette 2e vague rend la 1ère ridicule. Un « couvre-feu » est imposé, en accord avec le vocabulaire guerrier depuis longtemps utilisé.

Ça n’a aucun sens. J’en ai plein le dos au propre comme au figuré : de « la » covid, du boulot, des abus de pouvoir, des manipulations, des décisions iniques,… un énorme ras-le-bol doublé d’une douche froide concernant la prise de conscience espérée. Les rues sont pleines de masques jetés à terre, les gens surconsomment comme s’ils voulaient compenser les mois passés et les chiffres d’affaires d’Amazon & co atteignent des sommets.

Plus de yoga, plus de salle de sport. A force de travailler dans de mauvaises conditions ergonomiques, je commence à avoir mal partout : aux poignets, à la nuque, au dos, aux yeux, à la tête… et même aux fesses ! Le moral repart à la baisse et le poids à la hausse.

Novembre. Je m’autorise à aller mal. Je prends plein de rendez-vous pour régler mes problèmes physiques et psychologiques. D’un côté ça aide, de l’autre ça met encore plus sous contrainte le planning.

J’essaie de me reprendre et de retrouver la belle dynamique de cet été mais j’ai l’impression d’avoir la tête sous l’eau. Les kg continuent à s’accumuler, ce qui entretient la déprime dans un magnifique cercle vicieux.

Décembre. Depuis début novembre la situation sanitaire s’est incroyablement améliorée mais on est toujours sous confinement/couvre-feu/télétravail. On n’en voit pas le bout et la lassitude est prégnante. Les gens ont de plus en plus l’impression qu’on les prend pour des cons et respectent de moins en moins les mesures édictées pour le couillonavirus.

Miss se voit diagnostiquer un cancer et une grosse restructuration est annoncée au boulot. Sentiment de tristesse et de découragement.

Je n’en peux plus des écrans et des calls. Ça fait longtemps que je n’arrive plus à gérer mon temps et que je reste devant ce fichu écran de 8 à 23h voire plus.

Je n’attends qu’une chose : les vacances de Noël ! Évidemment, avec une « bulle » réduite à une personne, ça ne va pas être la fête. Je pense à ma grand-mère qui accorde tant d’importance à ce que toute la famille soit réunie ce jour-là. Je pense que c’est peut-être son dernier Noël. Je pense que ça va faire un an que je ne l’ai plus vue.

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