C’est fou. Je discute avec plein d’amies qui ont des mômes – soit en bas âge soit déjà à l’école maternelle ou primaire – et toutes vivent la même chose, décrivent les mêmes situations. De vrais stéréotypes qu’on aurait pu espérer disparus avec les générations précédentes : elles doivent gérer leur boulot, le(s) môme(s), les tâches ménagères, le tout de concert sans que monsieur n’aide à grand chose. Et si quelque chose n’a pas pu être fait à temps ou a été oublié dans le rush, il râle et ne comprend pas.

Bah oui, monsieur travaille, *lui*. (Comment, sa femme travaille aussi ? Ah, elle a le même diplôme que lui ?) Monsieur se permet de rentrer tard chaque soir (sa femme a certainement plus facile à se libérer de sa masse de boulot et de la pression de ses chefs, si si) et est fatigué de sa journée alors il n’a envie que d’une chose, c’est de pouvoir se glisser à table pour manger quand il arrive. Et puis il ne fait pas rien hein, il s’occupe des enfants 1h le soir et leur donne même le bain ! Ah, vous voyez bien !

Bref, elles doivent non seulement prendre toutes les contraintes en charge au quotidien, tout ce poids sur leurs seules épaules, mais en plus elles doivent le faire avec le sourire, rester des femmes agréables à voir et à vivre. Parce que bon, une femme qui se plaint, c’est juste une emmerdeuse c’est bien connu.

Quand elles essaient d’en discuter ou quand elles finissent par péter un plomb, au pire monsieur s’énerve, au mieux il dit que ça va changer et, s’il y a bien parfois effort temporaire, au final rien ne bouge réellement. A croire qu’il ne réalise pas vraiment ce que vit sa compagne, ni l’injustice de la situation.

Depuis « Chérie, arrête de toujours dire que tu es fatiguée, moi aussi je le suis ! » à « A cet âge ils ne se rendent pas compte si je suis là ou pas, c’est surtout ta présence qui importe. » en passant par « On dirait que tu n’arrives pas à gérer, tu aurais peut-être besoin d’aller voir un psy ou de prendre des anti-dépresseurs ? »

Les similitudes de discours et de vécu de ces filles sont juste incroyables, alors que la plupart ne se connaissent pas et ont des « backgrounds » (vies/vécus/formations/origines/etc.) assez divers. Leurs seuls points communs : avoir fait des études supérieures et être dans la même tranche d’âge.

Je ne peux m’empêcher de repenser à cette étude disant que les hommes se sentent mal dans leur peau quand leur conjoint a un boulot aussi important – ou plus important – que le leur, et que ce n’est pas eux qui font « bouillir la marmite »…

Cela dit, chez ceux/celles ayant moins d’éducation (quel que soit le sens du terme), je doute que la situation soit meilleure.

Il y a certes la force des exemples, à travers l’histoire familiale et les modèles prônés dans les médias (y compris la publicité) mais, avant d’être confrontée à ces multiples témoignages, je n’aurais jamais imaginé que dans notre pays, au 21e siècle, on puisse être encore aussi arriéré dans les mentalités.

Oh je sais bien qu’on est encore loin de l’égalité femmes-hommes (ça sonne bizarre à vos oreilles ? j’ai inversé à dessein), mais je pensais qu’on était tout de même en bonne voie pour s’éloigner de telles caricatures. Je m’illusionnais lourdement.

Bien sûr il y a des exceptions à la règle, je connais 2-3 familles où c’est monsieur qui tient ce rôle ingrat, mais c’est tout aussi intenable. Pourquoi a-t-on tant de mal à trouver un juste équilibre ?

(Ces situations peuvent naturellement se retrouver chez ceux qui n’ont pas d’enfants, mais l’arrivée de ces derniers agit comme un puissant « révélateur ».)